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MA VIE C'EST UN PEU ÇA !

UNE SUR DEUX

10 Février 2023, 10:58am

Publié par Guillaume

UNE SUR DEUX

 J’ai commencé à m’intéresser à la cuisine en regardant ma mère(1). Et je voyais qu’elle utilisait tout le temps des p’tits couteaux comme elle disait. Manche en bois, deux rivets pour tenir la lame et en avant Guingamp ! Je sais, cette expression n’est pas très 79, mais on n’a pas d’équivalent chez nous. Ou alors en avant Combrand mais là c'est pour public averti, très pointu, les ultras du bocage quoi. Alors qu'avec Guingamp ça marche mieux, on fait dans l'universel. Du moins en Bretagne. Bref, revenons à cet exposé sur la coutellerie. 

Maman m’expliquait qu’il était bien plus pratique et efficace de s’occuper des fruits et légumes avec cet outil régulièrement affûté. Pas de dents, idéal pour les épluchures. D’ailleurs, je me demande toujours comment ils font les gens pour faire ça bien avec des couteaux dentelés. Une hérésie. Ils font pas ça bien meuh non, c’est évident. Quelle horreur ! Et encore je vous épargnerai ici toutes les théories développées par mon père concernant le beurre et l’ustensile adéquat au bon étalage, à la parfaite répartition sur la tartine : LE couteau à beurre ! Qui porte assez bien son nom. Un hasard sûrement. Avec ce bout rond qui fait toute la différence. Et c’est vrai que papa sur le sujet faut pas l’emmerder. Je l’ai vu s’emporter pour moins que ça. Mais alors, quand on le taquine de le voir en perdition le matin sans ce couvert unique, il nous refait la démonstration en s’offusquant de voir les autres procéder autrement. Il a pas tort le gars. On devrait déposer un projet de loi rendant obligatoire l’utilisation du couteau à beurre dans toutes les familles ou ce qui y ressemble. On pourrait alors se vanter de faire coup double : relancer l'industrie de ce couvert singulier trop méconnu et méprisé mais également participer à l’équilibre alimentaire de la population. Eh oui, avec ce couteau, plus de gros tas non maîtrisables (on se calme, je parle du beurre, rien de plus). On peut tout étaler, ne rien gaspiller, ne plus laisser ce surplus de gras abandonné là sur ce quignon parce le couteau pointu n’a aucune compétence sur le sujet. C’est un projet très ambitieux. Sauf qu’encore une fois je me suis éloigné de mon sujet initial. Emporté par les émotions. C’est dingue ça, dès qu’on touche à l’intime je m’emporte.

Un jour j’ai demandé à Maman pourquoi elle en avait plusieurs de ces p’tits couteaux. C’est simple, j’en ai toujours au moins un d’avance m'a-t-elle expliqué, parce que de temps en temps j’en laisse un posé sur les épluchures et comme le manche est couleur bois, la lame pleine de terre (oui là on cause entre gens cultivés, si vous ne connaissez que les carottes Carrefour ou les pommes de terre Leclerc, faut savoir que dans la vraie vie les légumes ils z'ont pas pris une douche en sortant de chez eux), je fais pas gaffe et ça m’arrive d’en jeter en même temps que le reste… Voilà donc l’explication de ces couteaux toujours en mode jumeaux ou triplés.

J’aurais dû suivre son exemple. Celui des couteaux. Anticiper une probable perte. Aujourd’hui je le regrette. Profondément. Parce que depuis une dizaine d’années je marche pieds nus chez moi. Mais l’année dernière j’ai repensé à une paire de chaussons achetée il y a longtemps (Romans-sur-Isère, comme quoi ça m’avait marqué cet investissement dans ce haut-lieu de la Pantoufle !). C’était dans ma vie d’avant. Dans ma vie avec pantoufles. Une vie dans laquelle on ne faisait pas semblant avec le standing. Ah oui c’est vrai ils avaient la semelle automassante en plus ! J’me souviens c’était super confort ! Faut que je les réessaie pour voir. Si ça se trouve ça m'relaxerait et m'ferait un bien fou ? Un autre homme.

Et là tu te retrouves dans ton appartement à chercher cette paire de chaussures. Debout, à quatre pattes, allongé. La gauche est assez rapidement trouvée. Plus qu’une si je compte bien, et souvent, quand on enlève ses pompes c’est dans un même secteur géographique. Logiquement, aucune raison pour que la droite ne se trouve pas dans ces 65 m2. Debout, à quatre pattes, allongé. Et pourtant… et pourtant… comme chantait Charles, RIEN ! Rien du tout ! Disss pa ruuhhh tu as disss pa ru on t'a jamais revu ! Comme chantait Jean-Pierre(2)(3). Oui même dans ces moments là je pense chanson. Ça console pas mais pendant une minute ou deux ça m'fait oublier le ridicule de la situation.

Comment fait-on pour perdre une godasse ? J’habiterais un château je pourrais imaginer des soirées décadentes, sex drugs and rock and roll à l'image de ma vie, qui m’auraient fait balancer par ci par là tous les objets possibles au risque d’en égarer certains dans cette immensité luxueuse, les narines pleines de coke, mais dans un appart’ de type logement social, l’exploit est colossal !

Forcément j’ai repensé à toi chère mère. Et c’est vrai que j'en cuisine régulièrement des légumes. Mais quand même, autant un p’tit couteau dans les épluchures pleines de terre je peux admettre l’idée et la pratiquer, mais un chausson ? Est ce que je l’ai balancé au milieu des restes d’oignons en pleurs ? Encore c'eut été dans les pommes... Le mystère reste entier. 

Après plusieurs mois, toujours aucune nouvelle de la droite. Alors je vous mets une photo juste en-dessous, même si c'est sûrement assez insoutenable de sentir cet abandon dans le regard. Je ne l’ai pas encore épinglée sur tous les poteaux montpelliérain mais si jamais vous voyez passer sa moitié, merci de me le signaler au plus vite. J’espère juste qu’elle ne s’est pas remise en couple.

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(1)  Si vous connaissez ma discographie et en particulier la chanson « Maladroit » vous comprendrez pourquoi je ne cite pas mon père sur le sujet...

(2) Je me plaît à imaginer que Jean-Pierre Mader avait connu le même problème. Pour être moins seul… comme chantait Michel… Dis-donc t'as pas fini avec tes références chanson ? Voilà, c'est fini... 

(3)  En vérifiant les paroles de la chanson une question grammaticale m'est venue immédiatement. Si y'a des Maître Capello par ici je suis preneur. On est d'accord ce cher JP s'adresse à une femme. Mais, mais quand même. "Tu as disparu" avec un E ça me fait frétiller mes souvenirs d'accords avec l'auxiliaire avoir. Suis-je le seul ? J'en tremble encore. 

UNE SUR DEUX

Vous comprendrez pourquoi dans la cuisine...

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