UNE HISTOIRE D’ACCORDAGES
Aujourd’hui le petit Hoffmann a été réaccordé. Hoffmann, c’est comme ça qu’il s’appelle mon piano. Et il est entré dans ma vie il y a 13 mois environ. D’ailleurs il l’a changée ma vie. Comme quoi les belles rencontres peuvent toujours arriver. Sans lui y’aurait pas eu ce disque « Empreintes ». Pas le même en tout cas.
Je ne me souvenais plus de cette différence, à quel point l’acoustique d’un son provoquait des émotions ou des envies que le numérique ne peut approcher. Effleurer dans le meilleur des cas. En écoutant Mickaël réaccorder ce cher Hoffmann, je me dis que ça pourrait être très pratique qu’on puisse se réaccorder nous aussi. Ce serait un métier formidable que celui d’accorder les gens …
De temps en temps on remettrait toutes nos cordes en état, en symbiose entre elles. En accord avec les autres, avec soi, avec ce qu’il y a autour. S’assurer qu’on est sur la bonne route, dans le bon décor, avec les bonnes personnes. Parce que sans accordage on ne peut pas jouer avec les autres. On peut jouer seul si nos cordes ont été cohérentes dans leur désaccord, on s’en fiche d’être au-dessus ou au-dessous du diapason. Mais pour jouer avec d’autres, l’accord est assez incontournable. Alors c’est peut-être ça qu’il faudrait inventer comme métier : « Accordeur d’Âmes ». Ça, ça aurait de la gueule !
Imaginez votre enfant qui vous déclare un jour : « Moi Maman, moi Papa, plus tard je s’rai accordeur d’âmes ! » La classe non ?
C’est l’avantage des mots. On peut raconter ce qu’on veut. Créer même l’impossible, l’impensable. Cet impensable qu’on peut penser. Raconter l’inutile ou l’essentiel. Penser avec ses doigts ou avec son corps en regardant un paysage, en avançant. Parce qu’il faut toujours avancer. Pas le choix. Mais si c’est dans un beau décor c’est mieux. Beaucoup mieux.
J’en connais des qui auraient dit devant ce spectacle : « c’est des montagnes quoi…Et alors ? » Pour moi c’est un peu plus que ça. Un peu. Ce regard que l’on porte sur les choses a tellement de variations possibles. Tiens, c’est le titre de nos 2 albums avec Camille… D’ailleurs, on ne fait que ça, des variations autour de ce que nous sommes. En laissant des empreintes.
Il m’a emmené ailleurs ce piano. À tel point qu’il m’a donné des idées pour la suite. Pas forcément celles que vous imaginez. Mais faut parfois se laisser surprendre par les chemins, les idées ou les évidences qui arrivent, les choix à faire, ou pas, les besoins, les envies, les questions qu’il devient urgent de se poser.
Bref, s’arrêter pour avancer. Tel un voyageur immobile.
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La première vidéo a été faite pendant cette promenade introspective sur les plateau des Petites Roches (38). Balcon magnifique avec vue sur le massif de Belledonne. Alors si jamais ça vous dit d'entendre le son de ce petit Hoffmann pendant la lecture de ces mots, c'est possible. Un petit clic au milieu de l'image et vous partirez pour le voyage...
Elles sont partout ces empreintes. Omniprésentes. Celles qu’on a laissées sur moi, celles que je transmets sans les maîtriser, celles que je tente de maîtriser tout en sachant que c’est vain, celles que je laisse, que je vais laisser, d’ailleurs qu’est ce que je veux, qu’est ce que je vais laisser ? Est-ce important ? Pour qui ? Nous ne sommes que ça non ? Une somme d’empreintes, un mouvement perpétuel. En faisant un nouveau disque je suis dans ce mouvement. J’ai rassemblé des bouts de moi, fait des collages sonores, essayé d’être au plus près de ce à quoi je ressemble aujourd’hui. Une sorte de selfie musical.