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MA VIE C'EST UN PEU ÇA !

MÖNCHENGLADBACH - Épisode 1/3

28 Février 2023, 14:46pm

Publié par Guillaume

La vie est trop courte pour apprendre l'allemand.

© Oscar WILDE

MÖNCHENGLADBACH - Épisode 1/3

Rassurez-vous, je ne vais pas étaler ici mes compétences en allemand. Non. D’abord je ne veux aucun problème avec le peuple germanique qui m’a réservé par deux fois un accueil magnifique(1), puis surtout j’ai quelques lacunes. Infimes. Pourtant j’avais pris l’option dès la quatrième. Qui dit option ne signifie par pour autant vocation. En revanche, option rime avec choix de la classe, autrement dit des copains avec qui on est bien tellement bien qu’on veut rester avec, même qu’on serait prêt à s’inscrire à n’importe quoi avec n’importe quel prof pourvu qu’on soit ensemble... Imparable. Collège publique certes, mais quand on coche le duo latin-allemand, ça classe pas un homme mais ça fait un tri. 

J’ai donc assisté pendant trois ans aux cours d’allemand(2). Assister, c’est le bon mot. Aucune erreur dans ce choix de vocabulaire. J’aurais pu être acteur. Ou spectateur. Or, un spectateur regarde le spectacle, il écoute. Je faisais moins que ça. Je faisais le nombre. Figurant. Je venais pointer. Mais je venais pointer avec mes potes. Faut dire que les profs habilités à défendre cette langue, à l’enseigner, on ne peut pas dire que leur charisme était à la hauteur de leurs ambitions. Donner envie n’était pas au menu. Des cours qui puaient l’ennui. Vides de sens. De passion. Ma motivation initiale pour la langue de Goethe était à un niveau assez bas, mais avec ces deux-là (collège et lycée), difficile de grimper aux rideaux de l’enthousiasme. Je suis donc resté en bas de l’échelle. Avant le premier barreau. Ça donne une idée de mon bilinguisme (mot que j'avais jamais utilisé, finalement ces cours m'ont apporté).

Mes faits d’arme dans cette option LV2 peuvent se résumer à deux événements majeurs pour lesquels, trente-cinq ans plus tard, j’ai encore du mal à évaluer le degré de fierté qu’il m’en reste. 

Du premier je retiens la qualité du parquet. Classe de seconde 9. J’ai toujours aimé le bois. Ça doit venir de mon père. L’atelier dans le sous-sol. Les outils, les machines, l’odeur des copeaux. Que j'aime cette odeur ! Et à Bressuire(3) dans ce lycée Maurice Genevoix, certaines salles, les plus anciennes, avaient gardé ce parquet d’époque. Un régal. Oui, un régal pour jouer aux fléchettes. Aucune consigne n’avait été donnée en allemand. Heureusement sinon j’aurais pas pu participer au concours. 

Avec mon voisin de droite, Luc de son prénom cousin par sa fonction et surtout meilleur pote de lycée toutes disciplines confondues, on était un peu dans la création. Et comme les cours étaient tellement passionnants mais exigeants quand même, il fallait trouver le moyen d’évacuer toute cette tension difficilement supportable pour nos neurones en quête de connaissances. Alors naturellement nous avons installé une cible. Version papier, démontable dans le souci de pas déranger. Posée sur le sol. Et poussés par le talent et l’initiative nous avions trouvé l’équipement parfait : le compas ! Ils pensaient à tout ces profs, même au moment d’établir la liste des fournitures. Chapeau ! 

Pendant plusieurs cours nous avons donc expérimenté cette méthode pédagogique alternant détente et concentration. Avec un travail énorme autour d'une compétence essentielle à acquérir : la discrétion. On y revient, toujours. À ce stade là et dans ce contexte elle était presque plus importante que l’habileté. Imaginez un peu le défi (bon, faut préciser qu’on avait éliminé la partie « bonus » de l’opération qui aurait fait de nous de véritables héros, je dois avouer qu’on était plus proches du mur du fond que du premier rang) : fallait viser la cible, qui se trouvait au sol je vous le rappelle, tout en ne se faisant pas remarquer, puis lâcher le compas au bon moment afin que le « ploc » de l’atterrissage se confonde avec un pas du prof ou attendre un brouhaha (j’ai du mal avec ce mot mais j’en vois pas d’autre et faut dire que dans notre classe, niveau brouhaha, on était bons, l'élite du lycée) général assez prononcé, ensuite fallait se pencher pour récupérer l’objet du délit tout en gardant un oeil sur le dos du prof, compter les points dans un tableau… bref, quand je pense à tout ça je me dis que c’était quand même normal de ressortir de là éreintés, non ?

Sauf qu’un jour, trop concentré sur mon objectif, mon coté compétiteur probablement, je m’apprêtais à lâcher ma flèche, j’affinais mes réglages en oubliant un détail essentiel : j’étais en cours...

À SUIVRE... 

... Heureusement parce que sinon ce titre c'est n'importe quoi. 

ÉPISODE 2 disponible !

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(1) L'été dernier avec Camille (projet 2FOLKS) on est allé jouer à Sarrebruck pour les "Rencontre Franco-Allemandes des Poètes de la Chanson". C'était formidable ! Trois jours en mode "Colo" à partager la scène avec 7 artistes. Et quand on a joué notre concert le dimanche, ce public nous a réservé un accueil sensationnel ! Jamais vendu autant de CD en quelques minutes. 

Mais je savais où je mettais les pieds parce qu'en 2010 j'étais déjà venu en trio pour l'album "Hasards" sorti l'année d'avant. Bel accueil aussi et la chance de partager la scène avec Claire Denamur. J'en profite pour faire durer cette parenthèse avec une anecdote qui m'est restée et qui restera. J'aime bien quand ça dérape, quand ça dévie... l'histoire dans l'histoire... vous me suivez ? Une petite heure avant le concert, dans les loges, Claire vient nous rejoindre pour discuter et boire un coup. On avait eu le temps de faire un peu connaissance parce qu'on chantait en duo à la fin (Johnny tu n'es pas un ange). J'avais ma guitare entre les mains, et en discutant, je lui parle de sa chanson. La mal-aimée. Hâte de l'entendre ce soir en vrai ! Mais je la chante pas. Je la chante plus sur scène. Oh... Merde alors. Moi je l'adore ! Et je commence à la chanter avec ma guitare... Je vois qu'elle est surprise, troublée que je connaisse sa chanson aussi bien. J'en fais juste un bout pour le plaisir puis j'arrête et surtout je comprends son choix. Déçu quand même. C'est elle qui démarrait la soirée. On était au fond de la salle. Magnifique moment de folk, de blues à deux guitares. Puis au milieu de son répertoire, y'a une intro guitare que je reconnais. Je regarde Philippe et Cédric "putain elle s'est foutue de moi ! Elle la chante !" Beaucoup d'émotions avec cette voix. Et au moment de nous croiser dans les escaliers, avant que ce soit mon tour d'y aller, je lui dis "tu m'as bien fait marcher hein ?" Non non. Comment ça ? Elle était pas prévue. Oh... tu veux dire que si tout à l'heure on n'en avait pas parlé... C'est ça, tu m'as donné envie de la chanter ce soir... J'étais comme deux ronds de flan. Et assez ému. Vous connaissez mon intérêt pour l'inattendu, là j'étais gâté. 

Tout ça pour dire que si j'avais su l'histoire, les histoires que j'allais vivre, peut-être que j'aurais eu envie de me l'approprier un peu cette langue. Parce que ce peuple allemand m'a plu à chaque fois. Emballé même.

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(2) Il en est probablement parmi vous qui, jusqu'à l'épisode final, vont se demander à quel moment je vais aborder le latin. Ça n'arrivera pas. Pourquoi ? Parce qu'un copier-coller suffirait. En un peu moins douloureux puisque j'ai pu stopper le désastre en sortant du collège. 

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(3) L’occasion pour moi une nouvelle fois de vous familiariser avec mes sources deux-sévriennes. De regarder sur la carte de France ce département 79 pour ne pas oublier d’y faire un détour un jour où l’autre parce que certains coins le valent, ce détour. Ils méritent votre regard votre attention. Et c’est souvent mieux de découvrir l’inconnu des autres, ce qui ne se vend pas, ne s’affiche nulle part comme si ça n’existait pas, comme si ça valait moins, alors que rien ne vaut le moins, l’authentique. C’est bon vous avez réservé ?

Quand je pense à Luc c'est cette chanson qui arrive. Symbole de nos années lycées. Une découverte importante pour moi U2. Mes albums préférés ? THE JOSHUA TREE - RATTLE AND HUM- ACHTUNG BABY

Notre plus belle découverte l'été 2022 à Sarrebruck : Juli Gilde. De la pop allemande délicieuse !

Sarrebruck // à gauche 2010 (co-plateau avec Claire Denamur) - à droite 2022 (projet 2FOLKS) //Sarrebruck // à gauche 2010 (co-plateau avec Claire Denamur) - à droite 2022 (projet 2FOLKS) //

Sarrebruck // à gauche 2010 (co-plateau avec Claire Denamur) - à droite 2022 (projet 2FOLKS) //

Cette chanson m'avait embarqué à la première écoute. Ce grain de voix. Et puis l'histoire du concert...

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