JE REVENDIQUE LE DROIT À LA MENACE

©midilibre

Je ne sais plus exactement pourquoi mais hier soir j’ai tapé mon nom d’artiste sur Google. Faudrait vraiment que je me souvienne de la raison (qu’est ce qui s’affiche si les gens me recherchent* ? Est ce que mon site apparait rapidement ? quelles photos déboulent en premier ? etc). Parce que sinon ça fait le gars qui se regarde, qui admire son nombril. Peu importe. J’aurai bien le temps d'écrire un jour tout un texte ou un roman sur ma vanité. Une saga ?

Il se trouve qu’en jetant un oeil rapide aux premiers résultats je tombe sur une photo qui m’interpelle. Je ne la reconnais pas. Immédiatement je me dis elle est vieille, elle date de quand ? Puis non, en cliquant dessus je m’aperçois que je ne suis déjà plus un jeune homme. Loin s’en faut. D’ailleurs l'ai-je déjà été ? À un moment on finit par en douter. Qui donc a osé publier cette horreur ? 

Quelques secondes de réflexion ont suffi : Oh que oui c’est vrai !!!! C’était là ! Et je me mets à rire. 

Cette photo illustrait un papier Midi-Libre dans une rubrique locale. Ça y est, j’y suis à ce moment d’anthologie. Je le revois je le revis. Je me souviens que je souriais intérieurement quand cette pigiste du** village où je jouais avait pris cette merveille de cliché.

Elle souhaitait qu’on se rencontre avant mon concert. Elle voulait en savoir plus sur moi. Tout en m’expliquant qu’elle ne pourrait pas être là le soir-même. Un impératif. C’est dingue le nombre d’impératifs que j’ai croisés sur ma route musicale. Je devais avoir un don. Celui de jouer ces soirs là. Ceux des impératifs absents. Un temps répertorié dans mon Bescherelle personnel.

On ne refuse pas une interview. Même si ce jour là je ne voyais pas trop l’intérêt. J’allais jouer quelques heures plus tard donc cet article qui serait publié la semaine d’après, peu de chances qu’il m’amène du public. Très peu. Puis à éditer un papier après l’événement, il m’aurait semblé judicieux de le rendre vivant. De parler de ce qui s’est passé ce soir-là. Est ce que l’artiste a été bon ? Le public emballé ? Quelle est sa singularité ? Bref, un travail journalistique voire d’éditorialiste quoi. Mais là non. Juste un encart à la page de cette commune qui ne servira qu’à compléter un press-book personnel pour montrer que quand même on a des gens qui s’intéressent à nous partout dans la presse oh la la cet artiste quel parcours on ne voit que lui !     

J’avais tout essayé avant, pendant et après notre petit entretien pour lui faire comprendre que j’avais des photos officielles dont certaines vraiment adaptées (j’ouvre cette parenthèse pour toi David en te promettant croix de bois croix de fer que j’ai tout fait - du moins je le pensais - pour que ce soit tes créations qui accompagne sa prose). Je lui laissais le choix. Grave erreur. NE JAMAIS LAISSER LE CHOIX. Parce que... fallait qu’elle le fasse la bougresse ! Fallait qu’elle la prenne SA photo !

Est-il nécessaire que je vous donne mon opinion sur le cadrage, le décor, les parpaings splendides, la tenue avec ma veste parce qu’il faisait frisquet, moi en train de faire semblant d'y être…? 

Et encore, j'ai pas réussi à me retenir de mettre un filtre ou deux sur la version originale pour rendre cette page plus présentable. 

Une chose est sûre, la prochaine fois je menace sa famille, ses enfants, ses parents, tout ce qui mettra du poids dans la balance. Et on verra bien si mes photos ne l'intéressent pas. 

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*pour des raisons artistiques. Concernant les raisons judiciaires je vais vérifier si y'a pas d'autres photos qui pourraient me jouer des tours.

**notez l'emploi de ce "du" et non pas d'un "de" qui aurait pu laisser sous-entendre un léger mépris que je n'ai pas quant à sa fonction. Que je respecte évidemment.

©David DESREUMAUX - 2019 - Est ce que par hasard ce cliché n'aurait pas été visuellement plus intéressant ? Au moins un peu non ?

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