Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MA VIE C'EST UN PEU ÇA !

EN PLUS VOUS ÊTES PAPA ?

15 Février 2023, 19:32pm

Publié par Guillaume

EN PLUS VOUS ÊTES PAPA ?

UNE HISTOIRE DE PLAQUETTES

Non, le don du sang n'est pas au menu aujourd'hui. Je vous en reparlerai une autre fois car ma dernière expérience fut assez intéressante. En effet, pendant cette transaction en liquide, quelques pensées plus ou moins avouables m'ont traversé l'esprit... En tout cas il paraît que ce serait bien de les offrir ses plaquettes. Je vais y penser. En attendant je vais vous raconter un épisode familial qui date un peu. Assez cocasse je crois et surtout en lien avec le sous-titre. Ce qui apportera une cohérence certaine au propos. Petit flash-back.

Vers la fin de l’été 2001, pour nous ce n'était pas l'odyssée de l'espace mais plutôt celle de la R19. Somptueuse R19 au demeurant, avec même un p'tit becquet à l’arrière ! De quoi piloter l'engin avec le torse bombé ! Ce dont je ne me privais pas évidemment. Mais notre magnifique automobile avait besoin d’un petit changement de plaquettes. 

Mon ex beau-père était garagiste mais je venais d’apercevoir une publicité proposant un prix défiant toute concurrence et sans rendez-vous ! Beaucoup plus près de chez moi que l’atelier de ce cher Francis. Ce qui m'avait alléché c'était la pose gratuite des plaquettes avant. Évidemment on devrait toujours se méfier des miracles annoncés. Toujours. Les miracles se font rares. Sauf que ma première nature c’est de faire confiance. Tous mes drames personnels ont d'ailleurs leur origine dans cette qualité qui n’en est souvent pas une. 

Je me pointe donc avec ma sublime auto dans ce garage Midas situé sur la mythique N113 à Castelnau-le-Lez. Une route très pratiquée puisque c’est l’axe Montpellier-Nîmes. Un classico méridional. 

En arrivant j’explique pourquoi je suis venu, en précisant que leur offre promotionnelle convenait parfaitement à mon budget. Bien Monsieur, donnez-nous votre carte grise, vos coordonnées, votre numéro de téléphone et on va s’occuper de votre véhicule. On vous appelle quand c’est prêt. Euh… c’est-à-dire que j’habite à 20 bornes de là et j’ai pas de portable (pour les plus jeunes d’entre vous, cet objet devenu incontournable en était à ses prémices, le monde d’avant, celui où on pouvait être quelque part sans être joint, libre, sans avoir une notification qui déboule, sans avoir le nez collé sur un écran au lieu de l’avoir en l’air pour capter tout ce qui passe). Je comptais rester dans votre salle d’attente, y’en a pas pour 2 heures si ? Non non, bien sûr, aucun problème. D’ici 3/4 d'heure maximum tout sera réglé ! Je viendrai vous chercher. Merci.

C’est vrai que dans ce lieu, à part les chaises qui offraient un peu de confort, on ne peut pas dire que ça vendait du rêve. L’austérité dans toute sa splendeur. Quant aux revues proposées pour passer le temps (cette expression je ne la supporte pas ! Tiens, faudra que je développe sur le sujet, là j’ai pas le temps… ah ah ah), pas vraiment ma came. Moi les tests pour passer de 0 à 100 kms/h ou les dossiers sur les tableaux de bord en acajou, je ne fantasme guère. Aucune érection. J'espère qu'avec ces deux mots je ne viens pas de perdre une partie de mes abonné.e.s. À moins que ça ne soit l'inverse ? Peut-être souhaitez-vous un peu de salace par ici ? Vous me direz.

Après un quart d’heure seulement, le gars me fait signe de venir. Ouah, chez Midas je savais qu’ils vous changeaient le pot en 30 minutes, mais les plaquettes en moitié moins de temps, on avait affaire aux Lucky Luke de l’entretien auto ! J’étais sur le cul. Enfin, plus à cet instant parce que je venais de me lever pour retrouver ma Renault favorite. Je rentre dans le bureau, tout content. Mais lui, le gars il n’avait pas l’air de partager mon enthousiasme. Un gars terne me suis-je dit. Ou qui a l’extase intérieure. L’euphorie modeste.

- C’est allé vite ! C’est génial ! Merci !

- Attendez, faut que je vous dise un truc…

- Euh… y’a un problème ?

À cet instant je regarde vers l’atelier que mon émerveillement m’avait presque fait oublier. Et je vois ma 19 sur le pont. Suspendue. Avec deux roues en moins. Bizarre pour une voiture prête en effet.

- Monsieur, on a remarqué quelque chose de plus inquiétant.

- … ... ... ?

- Vous voulez bien me suivre ? Comme ça ce sera plus concret, je vais vous montrer.  

Je le suis. Tout penaud. La posture du gars qui rase les murs. Comme si je leur avais caché un truc. On passe sous la voiture. Là il me montre les câbles dans lesquels circule le liquide de freinage.

- Vous avez vu là ? 

- Non… dites-moi.

Bien sûr je voyais ce dessous de bagnole noir dans l’ensemble avec du gras et de la poussière un peu partout mais je ne voyais pas l’évidence apparemment.

- Vous voyez le câble qui va aux freins arrière ? Y’a du gras dessus. Ça veut dire qu’il y a une fuite…

- Et…? 

- Alors je vais être franc avec vous Monsieur. Nous ici on fait les choses bien. On ne vous changera pas juste les plaquettes s’il y a un problème dans le circuit. Parce que là vous êtes en danger si on vous laisse partir comme ça… 

- … à ce point ?

- Petit à petit vous allez pomper avec votre pédale et … bon je vous fais pas un dessin mais votre voiture va réagir de moins en moins aux freinages. Non seulement vous vous mettez en danger mais les autres aussi !

- La vache… et pour faire ces travaux, ça va prendre combien de temps, ça va… coûter combien ? 

Il me fait une petite estimation qui multipliait au moins par 3 ou 4 l’idée initiale… Me voyant dubitatif il poursuit :

- J’ai vu un siège bébé à l’arrière… Vous avez un enfant ? 

- Oui une petite fille. Pourquoi ? 

- Vous voulez que je sois honnête avec vous Monsieur ?

- Bien sûr… (j'ai failli lui sauter au cou : j’adooooore l’honnêteté !)

- Moi jamais je ne ferais monter ma fille dans cette voiture. Ce n’est pas responsable. Et c’est pour ça qu’on ne vous fera pas « juste les plaquettes » sinon on ferme les yeux sur l’essentiel : votre sécurité et celle de votre famille !

On était un peu dans Le Parrain à cet instant. La protection du clan, la menace extérieure. J’étais impressionné par tant de professionnalisme, d’honnêteté. C’est pas dans un garage que j’espérais en trouver le plus mais la découverte humaniste était belle. Puis il avait appuyé au bon endroit. 

Je n’arrivais pas à trancher, à me faire une idée objective. Et à cet instant j’aurais bien aimé avoir un téléphone portable pour appeler la mère de cette merveilleuse petite fille que j’allais mettre en danger… Avoir son avis. Fallait peut-être lui acheter un casque en plus du siège auto ? 

- Vous permettez que je passe un coup de fil ?

- … oui… (un oui qui avait beaucoup souffert avant de sortir)

Je ne vais pas relater ici tous les détails de cet échange avec mon ex, mais pour résumer, quand je lui ai raconté ce qui se passait, tout de suite ses voyants rouges se sont allumés. Fille de garagiste, elle connaissait quelques ficelles, je le découvrirais par la suite. Elle me dit attends j’appelle mon père et je te rappelle, surtout ne fais rien. Je vous avoue que la situation était délicate dans ce bureau… un peu tendue. Juste un peu. Il sentait bien le gars qu’il avait pas encore gagné. Cinq minutes plus tard le téléphone sonnait, c’était elle. Surtout NE FAIS RIEN ! Repars avec la voiture sans changer quoi que ce soit, apparemment c’est une pratique courante de venir graisser les câbles pour simuler un problème et changer légèrement le devis initial… Oh putain… Quand tu entends ça et que ton garagiste d'amour se trouve à moins de 2 mètres en te scrutant pour deviner quel sera son sort : on a les dessous de bras qui s'hydratent facilement !

Je vous laisse imaginer son visage quand je lui ai déclaré, un peu sur la pointe des pieds, trèèèès légèrement sur la pointe, à pas de velours, parce que je pratique la culpabilité à temps plein, « finalement je vais rien faire, je reprends la voiture… » Soupirs, mépris, et une ultime tentative désespérée sur mes jours qui étaient comptés. 

Reste qu’en rentrant, pour être honnête, je n’ai pensé qu’à ces freins. L’impression qu’ils répondaient de moins en moins. Ma dernière heure approchait. Je vivais mon bouquet final.

Francis s’est occupé des plaquettes quelques semaines plus tard. Et vous voulez savoir ? Aucune fuite dans le circuit de freinage…

Ma fille est toujours en vie. Son frère, plus jeune de trois ans, n'est jamais monté dans cette R19. Je crois qu'il n'a jamais eu conscience de ce à quoi il avait échappé.  

/////////////////////////////////////

Je ne résiste pas à l'idée de partager cette chanson de Linda Lemay. Régulièrement dans les commerces j'ai parfois des idées dont je ne suis pas très fier. Mais ça fait tellement de bien d'imaginer sa vengeance...

/////////////////////////////////////

N'hésitez pas à faire découvrir ce blog à vos amis si vous pensez que ça peut leur plaire... Merci !

Commenter cet article