QUELQU’UN DANS MA TÊTE

Josyane c’est l’heure de la gym ! Baisers, Paul

Ce matin j’ai recroisé ce bouquin dans lequel était notée cette dédicace destinée à une formidable Josyane, du moins c’est ce que j’imagine. Non pas que j’imagine toutes les Josyane avec un Y formidables, mais plutôt parce que les Josyane à qui on écrit Baisers, forcément on imagine une chose ou deux formidables. Pas vous peut-être mais moi oui.

Aucune Josyane dans mon entourage. De Paul encore moins.

Mais revenons à ce livre. À cette oeuvre mystère. Rangée, classée dans ma petite bibliothèque à la lettre F. Pourquoi mystère ? Parce que je me souviens très bien de l’endroit où je l’ai trouvé ce livre, je me souviens ne jamais l’avoir acheté, je me souviens ne l’avoir jamais lu. Ce qui fait que je peux gagner du temps lorsque je tente de me remémorer son contenu.

Je ne sais pas quel hasard, ou plutôt quelle personne a déposé cet objet un jour dans ma boîte aux lettres… Pas d’enveloppe. Pas de mots griffonnés sur un post-it qui m’auraient permis de comprendre. Non, juste ce bouquin même pas neuf. Dans une édition singulière, Ramsay. Avec ce genre de traces, de taches jaunies qui témoignent d’un livre voyageur. Vous savez, comme ceux qu’on achète dans les casiers occasions chez Gibert ou chez Emmaüs. Pour quelques centimes.

En observant la couverture, je constate que l’auteur s’appelle Paul… Paul Fournel. Tiens, j’ai peut-être entre les mains un ouvrage vraiment unique ! Dédicacé par son auteur que je ne connais pas. Et qui visiblement lui, connait Josyane. Sinon notre Paul est délicieusement audacieux pour noter ce Baisers … Mais c’est peut-être tout simplement une coïncidence de prénoms. Que ce Paul de c’est l’heure de la gym n’est autre qu’un prof d’EPS aux épaules larges qui souhaitait montrer à sa dulcinée que les sportifs avaient également du contenu à l’intérieur… Qui sait ? 

Ah oui, je me rends compte que j’ai oublié de vous donner le titre : LES ATHLÈTES DANS LEUR TÊTE. Ça irait bien avec mon hypothèse. Celle du Paul avec les épaules. Mais ça ne répond toujours pas à ma question « qui a déposé cette oeuvre littéraire dans ma boite ? » Sans parler d’une autre de question en suspens… Pourquoi ?

Alors oui je suis sportif. Plutôt très. Très cycliste à la base. Même si maintenant je chausse aussi les baskets pour entretenir ce corps et ce coeur dont le vieillissement ne devrait pas s’arrêter en chemin… Sportif certes, mais ça voudrait dire que quelqu’un m’observe ou m’a observé. Avant de faire ce geste, ce don, cet acte presque « flippant » puisqu’il nécessite de s’introduire dans le hall d’entrée de l’immeuble verrouillé par un bip… 

Je ne saurais dater dans le temps cette découverte, quelques années tout au plus, mais ce matin j’ai pris ce livre entre les mains et en lisant les mots laissés par Paul, d’un coup j’ai eu envie de savoir. Tout en sachant que je n’en saurais pas plus. Juste l’envie de creuser, d’approfondir une idée, aussi virtuelle soit-elle.

Alors j’ai tapé Paul FOURNEL sur Google. Pour savoir à qui j’avais à faire. Et là… OUPS ! Mon inculture littéraire s’est rappelée à mon souvenir dans une claque magistrale ! En effet, je me disais qu’avec cet auteur, cette édition, on était dans le confidentiel. Puis je lis Prix Goncourt de la Nouvelle en 1989 !!! J’ai entre les mains un Prix Goncourt et moi je fais quoi ? Je cherche à savoir qui est cette Josyane et qui a déposé ces pages dans ma vie… On est peu de choses finalement.

Je m’aperçois que cet homme né en 1947 a beaucoup écrit, beaucoup voyagé et a l’air d’être passionné par la bicyclette puisque dans sa bibliographie figurent aussi « Méli-Vélo » et « Anquetil tout seul », sans parler du fait que pas mal de ces ATHLÈTES DANS LEUR TÊTE sont des cyclistes… Le hasard s’éloigne pas mal. Mais pourquoi alors cet anonymat ? Pourquoi.

Je découvre ensuite que j’avais déjà entendu parlé de ces mots puisqu’André Dussollier les avaient adaptés pour le théâtre en 2003. J’avais vu un reportage, écouté des entretiens, aperçu des extraits car je suis fan de ce comédien, de sa voix, de sa sérénité. Du moins celle que j'imagine parce que si ça se trouve dans la vraie vie il en a pas un échantillon sur lui ! Mais moi ça me rassure de l'imaginer serein. Ça me fait du bien.

Finalement on ne connait pas toutes les richesses qui sont entre nos mains… Je vais fouiller mon appartement dans les jours qui viennent. Si y'avait des trésors et que j'en savais rien ? La porte de l’immeuble n’avait pas suffit à stopper mon inconnu.e. Et si celle de mon appartement ne l'avait pas arrêté.e ? 

Je cherche et je vous dis.