JEAN GABIN
Malgré ce temps qui passe certains samedis soirs peuvent encore vous surprendre. Et c’est tant mieux. Mais si vous voyez venir une description de débauche et autres plaisirs charnels alcoolisés, voire des déhanchements torrides à la Travolta, vous faites fausse route ! La surprise est venue d’ailleurs.
Ton fils est venu te voir. Tu passes la soirée à discuter avec lui. Il traverse une période complexe. Se cherche. Mais à bientôt 21 ans ce n’est plus vraiment un enfant. Bien que je sois intimement convaincu qu'on est tous des enfants qui jouons notre rôle d’adulte au mieux… Parce qu’il nous faut être autonomes, responsables de nos vies, tout ça quoi. Mais au fond on reste des enfants. Rien d’autre.
Ce samedi là, on parle beaucoup. De la vie en général, de ce qu’on choisit de faire, ne pas faire, les moments où on n’a pas le choix, ce qu’il faut affronter. On parle aussi de nos différences générationnelles. De nos goûts, nos envies. Et souvent je cite les gens que j’admire : Brel, Brassens, Gamblin, Delerm, Lindon, Sylvestre, Lucchini… Puis à un moment, alors qu’on vient d’évoquer le rap avec des points de vue divergents, ce garçon me cite Jean Gabin ! Oui, mon fils est surprenant. Parfois déroutant. Mais le plus souvent assez inattendu.
Euh… tu es sûr qu’elle est de Jean Gabin cette chanson dont tu me parles ??? Il se met à rechercher sur son téléphone. Puis balance le morceau*. Qu’on écoute jusqu’au bout. Ce qui est rare avec moi car je refuse d’écouter la musique avec aussi peu de fréquences représentées dans mes oreilles. Mais là c’est le moment d’écouter. Il ne faut pas casser l’instant. Cette surprise dans la cuisine. L’inattendu qui déboule. J’envisageais pas mal de propositions pour me convaincre que tel ou telle artiste méritait mon attention mais… Jeannot je l’avais pas vu venir !
Maintenant je sais.
Maintenant je sais que tu parlais bien de lui. Qu’en effet ce morceau, ces mots de Jean-Loup Dabadie ils arrivaient à point nommé. Au bon moment. Et je comprends leur résonance... toi qui te demande aujourd’hui ce qu’il faut comprendre de la vie. Ce qu’il faut savoir.
Tu l’as ta réponse. La bonne. C’est qu’à la fin on ne sait rien. Ou pas grand chose.
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* MAINTENANT JE SAIS - Jean GABIN - 1974 - Paroles de Jean-Loup Dabadie - Adaptation de « But now I know » (Harry Philip Green - 1973)